Le 2 juillet 1816, La Méduse s'échouait au large de la Mauritanie.
L’histoire de l'un des naufrages les plus stupides de l’histoire de la navigation…
En Juin 1816 : La frégate La Méduse, est chargée de rejoindre Saint-Louis et le cap Vert avant la mousson afin d’y transporter le personnel administratif nécessaire au fonctionnement de la colonie, La Méduse a également à son bord les soldats d'un bataillon d'infanterie de marine, qui doivent assurer la défense de Saint-Louis, ainsi que leurs compagnes, qu'on appelait alors des « femmes de troupe ».
️Le capitaine de la frégate, Duroy de Chaumareys, royaliste, en a pris le commandement, métier qu’il n’a pas effectué depuis 25 ans ! L’homme n’est pas facile, il traite dès le départ ses subordonnés avec mépris, et ne leur fait jamais confiance.
️Après une escale à Tenerife, on approche de la côte africaine. Chaumareys, a commis une erreur d'un degré, soit 110 kilomètres... S’ajoute à celle-ci une seconde erreur de localisation, Il croit que se trouver très au sud du « banc d’Arguin » , terreur des marins à cause de ses hautfonds ( J’en connais un autre de banc d’Arguin avec quelques beaux souvenirs et pas l’ombre d’un naufrage ).
️Le lendemain suivant la mer est gris-vert et a une température élevée, les marins voient des algues, des oiseaux. Bizarre…
L’équipage s’inquiète, Chaumareys se moque de leurs remarques et ce qui devait arriver ... arriva. La profondeur est de plus en plus faible... Malgré l'ordre urgent de changer de cap il est trop tard, et la frégate, poussée par le vent se jette de toute sa force sur un haut-fond. La mer étant calme, il est encore possible de remettre La Méduse à flots mais les marins sont mal dirigés, et le temps passe. Le lendemain la tempête a raison de leur sort, les ancres cèdent et le vaisseau est brisé sur les récifs.
La frégate ne dispose que de 6 embarcations, c’est loin d’être suffisant pour sauver les 400 hommes et femmes à bord.
Le commandant en second décide alors de faire construire un radeau utilisant des mâts sciés, des planches de récupération et des cordages. Pas si petit ledit « radeau » : Long de quinze mètres et large de huit ! Il doit être remorqué jusqu'à la côte d'Afrique, toute proche, par les six autres canots. Tel est le plan de départ…
Les six embarcations transportant les personnages importants sont assez peu chargées, alors que le radeau, où ont pris place « les passagers de seconde classe », s'enfonce sous leur poids. Ils ont de l'eau jusqu'à la ceinture. Dix-sept marins et soldats refusent obstinément de quitter l'épave. Le capitaine Chaumareys, s’installe sur un canot en tête du convoi dès le début de l’opération...
Le remorquage du radeau commence. Au bout de 2 heures, les cordages reliant le radeau aux canots cèdent, volontairement ou pas, nous ne le saurons jamais… Les passagers du radeau sont livrés à eux-mêmes. Ils sont tout de même 147 sur l’embarcation, si serrés qu’ils ne peuvent s’asseoir, au bout d’une nuit les officiers et fonctionnaires à bord ont fait usage de leurs armes. On compte 69 cadavres au petit matin. Mutinerie après mutinerie… Au bout d'une semaine, il ne reste plus à bord que trente survivants. Sans vivres, et sans eau potable.
Ils se mirent alors à manger les cadavres, d'abord crus puis en fines tranches salées et séchées qu'ils suspendent aux cordages...Se trouvant encore trop nombreux à bord, 12 hommes sont jetés par-dessus bord.
Lorsque le surlendemain, le 17 juillet, L'Argus retrouve enfin le radeau, on ne dénombre plus que 15 survivants à bord dont 5 morts d'épuisement peu après leur arrivée à Saint-Louis. Quant aux dix-sept naufragés demeurés sur l'épave de La Méduse, ils ne sont plus que trois quand on vient à leur secours le 26 août, cinquante-deux jours après le naufrage.
🎙 Dès le retour de L'Écho, qui ramène en France les naufragés de La Méduse, la tragédie connaît un retentissement immense. Le ministre de la marine est obligé de démissionner. Jugé en conseil de guerre à Rochefort, Duroy de Chaumareys est condamné à la dégradation militaire et à trois ans de réclusion dans le fort de Ham, où il est interné de 1817 à 1820.
Géricault prend la décision de réaliser le tableau, il entreprend des recherches approfondies avant de commencer la peinture. Il rencontre des rescapés qui apportent leur expérience et donne au rendu final plus de réalisme.
Il étudie des cadavres à l’hôpital Beaujon pour rendre la rigidité cadavérique. N’oublions pas la passion pour le sombre de cette époque romantique. 💀 Afin de réaliser la représentation la plus authentique possible des différents aspects de la chair des cadavres, il étudie le visage de patients sur le point de mourir, et emporte même dans son atelier quelques membres humains pour observer leur décomposition. Géricault dessine également une tête coupée empruntée à un asile et qu'il conserve dans le grenier de son atelier.
La conception de l’œuvre est lente et difficile, car Géricault hésite à choisir un moment emblématique du naufrage, qui rendrait au mieux l'intensité dramatique de l'événement. Il opte finalement pour l'instant, raconté par l'un des survivants, où les naufragés voient L'Argus approcher à l'horizon.
Le choix de la scène relève d'une volonté de figurer les conséquences de l'abandon de l'équipage sur le radeau, en se focalisant sur l'instant où tout espoir semblait perdu. La monumentalité du format (491 × 716 cm) fait que les personnages en arrière-plan sont à échelle humaine, et que ceux au premier plan sont même deux fois plus grands qu'un homme : proches du plan de l’œuvre, entassés, les personnages créent un effet d'immersion du spectateur dans l'action du tableau. Et dans leur désespoir.
Du premier plan dédié aux cadavres et aux mourants, émergent les survivants ; jusqu'en haut où l'espoir de sauvetage est représenté avec la figure centrale d'un homme noir agitant sa chemise pour être sauvé. Son modèle sera Joseph, un Haïtien qui a posé pour lui et d'autres artistes. Figure symbolique de l'esclave sacrifié qui mène les siens vers un futur.
Visible au musée du Louvre.
Ecrit avec amour par Céline LMP - My Paris Tour Guide, pour plus de partage historique et artistique, retrouvez moi sur la page, à bientôt !
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