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  • Photo du rédacteur Céline MyParistourguide

Une histoire du vin...

Dernière mise à jour : 13 oct. 2020

Breuvage avec d’extraordinaires pouvoirs, il est lié à l’histoire de l’humanité, il s’est déplacé avec elle et a évolué avec elle, suivant ses aventures, de la culture de la vigne, à la création du vin, sa préservation. Son utilisation au fil des siècles : soit pour son intérêt récréatif, ses vertus antiseptiques, ou ses vertus sociales.


Au commencement était la vigne, plante qui a vraisemblablement débuté son histoire autour du bassin méditerranéen ; on pense qu’aux alentours de 5000 avant Jc, cette plante sauvage fut alors cultivée. La vigne sauvage était mâle, femelle ou hermaphrodite dans de rares cas. Les premiers viticulteurs devaient sélectionner ces derniers afin de pouvoir la cultiver. Au même moment les hommes en Europe et au Proche Orient se sédentarisent, à la chasse et l’agriculture vient s’ajouter la viticulture.


Les premiers pots en terre pour faire du vin retrouvé datent de -6000, ils auront leurs équivalents avec les Pithos Grecs et les doliums romains.

En – 3000 on retrouve en Géorgie des fragments de sarments gainés d’argent certainement bijoux. Peut-être avec une signification funéraire. La vigne vagabonde, elle pousse facilement et s’installe en perse et en Egypte.


Elle nait dans les légendes des hommes aussi. Noé se serait enivré juste après avoir débarqué les animaux. Son fils Cham aurait vu la nudité de son père, et l’aurait rapporté à ses frères : Sem et Jephet, ces derniers se pressent alors de cacher cette nudité. Noé retrouve ses esprits et maudit Cannaan le fils de Cham qui devra engendrer la branche inférieure de l’espèce humaine, il sera « l’esclave de ses frères ».

Pour certains l’ivresse de Noé est le symbole de la seconde chute de l’homme après le péché originel commis par Adam et Ève. Dieu avait à peine purgé leur péché par le déluge que le vertueux Noé cède à nouveau à la tentation… Et se retrouve nu…

Il va sans dire que cet épisode aura pour triste conséquence la justification de l’esclavage et la traite des noirs, les infortunés « fils de Cham » durant des siècles.


Le vin a toujours servi les hommes et les dieux, dès le début de son histoire.

Les hommes car il fut un produit cher, exportable et prisé très rapidement, donc bon pour le commerce. Et les dieux car il permettait de s’approcher d’eux, et même de communiquer avec eux. On buvait pour les Dieux et les morts lors des festins.


En Egypte le vin est associé à Osiris, dieu de la vie après la mort et du cycle de la végétalisation. Naître, vivre, mourir, re naître par le sang de la terre… Une logique implacable, reprise par le christianisme ensuite. Le sang du Christ est le sang de la vigne. Et le premier miracle de Jésus est de changer l’eau en vin lors des noces de Cana.

De là le vin noble est réservé aux rois, aux dieux et à ceux qui les représentent. Le vin moins noble lui va pour le commun des mortels.


Ulysse dans l’Odyssée emmène du vin de chez lui, de l’ile d’Ithaque, très capiteux. Il l’offre en digestif à Polyphème le cyclope qui l’avait fait prisonnier et avait dévoré ses compagnons. Le monstre étant habitué aux vins légers il s’enivre, alors Ulysse en profite et lui crève son œil unique. Le cyclope étant aveugle il s’enfuit et on dit que les rochers jetés par le géant dans sa colère sont encore au large de l’Etna.


Le vin est produit en France aux alentours de -500, à Marseille et remonte le couloir rhodanien. Jusqu’à la Bourgogne. Les bourguignons ont dû donc boire en premier un vin Marseillais ou d’origine étrusque, soit italien. Ne leur dites pas cela aujourd’hui…

On a découvert à Vix un vase monumental en bronze, de style gréco-étrusque dans la sépulture d’une princesse bourguignonne. Il pouvait contenir 1100 litres du vin, pesait 208kg vide et fait 1m64 de haut.





A la même époque Hippocrate, père de la médecine et du célèbre sermon nait sur l’ile de Cos, on dit qu’il mourut à près de 100 ans. Le vin jouait un rôle dans presque toutes les prescriptions, il calmait les fièvres, était antiseptique, diurétique et hâtait la convalescence des malades. Les différents vins, rouge, blanc, moelleux ou secs, étaient prescrit selon le type de maladie.

Il déclare : "Les vins souples et de couleur sombre sont flatuleux et passent mieux par les selles.

Les vins blancs âpres réchauffent sans dessécher, et passent mieux par l'urine que par les selles.

Les vins nouveaux passent mieux par les selles que les autres vins car ils sont plus proches des moûts et plus nourrissants.

Le moût provoque des vents, dérange les intestins et les vide."

Il conclut par un avertissement: " Pourtant si vous soupçonnez dans ces maladies une lourdeur accablante de la tête ou que le cerveau est atteint, il faut s'abstenir totalement de prendre du vin".

Citons pour finir le magnifique et sage Eubule en 375 avant JC : "Je mélange trois bols pour ceux qui sont sobres : un pour la santé, qu'ils vident en premier ; le deuxième pour l'amour et le plaisir ; le troisième pour le sommeil. Quand ce dernier est vide, les hôtes avisés rentrent chez eux. Le quatrième bol n'est plus à nous, il appartient à la violence ; le 5e au tapage ; le 6e aux amusements d'ivrogne, le 7e aux yeux pochés ; le 8e au policier, le 9e appartient à la crise de foie, et le dixième à la folie et au vandalisme."

D’ailleurs on remarque que sur toute l’histoire du vin, ces trois verres semblent être la dose à ne pas dépasser. Une bouteille actuelle ne correspond-elle pas à 3 verres chacun si on la boit en couple ?

Pour Socrate : « Le vin adoucit et tempère le caractère, il apaise les soucis de l’esprit, il ranime nos joies et il est l’huile de la flemme agonisante de la vie. Si nous le buvons modérément et par petites gorgées à la fois, le vin se répand dans notre poitrine comme la plus douce rosée matinale. »

Vient alors Dionysos, qui nous donnera tant de tableaux et références. Dionysos, qui réside lui-même dans le breuvage, lorsque l’on boit du vin, on boit le dieu avec son vin, et c’est sa présence en soi qui calme nos soucis.

Lors des fêtes dionysiaques, de nombreuses jeunes filles dansaient très dénudées, elles étaient poursuivies par des satyres qui tentaient de les attraper. Elles les frappaient avec le thysis, sceptre du dieu et symbole de puissance.

En Grèce le sanctuaire de Delphes, dédié à Apollon, dieu du soleil, devenait celui de Dionysos l’hiver, c’est lui le Dieu du vin qui régnait sur la longue nuit des hommes… Lui le Dieu qui ressemble à jamais à un jeune homme efféminé, qui ne vieillit pas, dont même les Dieux rejettent l’origine divine donnera pour se venger de cette méprise la folie aux femmes.



Son culte se voit interdit et les Bacchanales avec en -200 avant JC. Il fait même l’objet d’une chasse aux sorcières qui tuera 7000 personnes.

La cause, être dérivé de l’Orphisme, soit par l’ingestion de la chair et du sang du dieu se donner la possibilité de ressusciter d’entre les morts. Le christianisme s’en inspirera fortement, avec les mêmes conséquences tragiques pour les premiers chrétiens à Rome, pour les mêmes raisons. Ces chrétiens qui reprendront aussi à Bacchus la date du 25 décembre et l’auréole.


C’est l’empereur Constantin au 4e siècle qui adopte le christianisme comme religion officielle qui libérera les chrétiens et le vin avec eux.


Dès lors elle s’installera dans tout l’Occident, et dans les grandes villes de la Gaule celtique bien sûr : Reims, Bourges, Troyes, Chartres, Marseille, Lyon. Nos premiers saints seront tous liés à la viticulture : Saint Rémi à Reims, Saint Martin, Saint Germain, Saint Didier…




L’épopée du vin se poursuit avec l’empire de Charlemagne qui en produit aux quatre coins de l’Europe. On dit qu’il préférait le vin blanc pour ne pas tacher sa jolie barbe blanche. Avec ses productions de contrées plus froides, la gamme des vins va se diversifier avec des vins blancs plus légers et moins alcoolisés, pouvant être bus chauds l’hiver, parfois pétillants grâce au sucre résiduel.

Le Moyen âge voit le vin s’exporter à l’Angleterre, il suit toujours les hommes, et plus on améliore la qualité, plus il se conserve, plus il se conserve et plus on peut l’emmener loin… A cette époque, le plus vieux des vins buvables est âgé de deux ans. La conservation du breuvage étant un problème insoluble.


Les abbayes feront beaucoup sur cette amélioration constante de la qualité, les moines ont besoin de ressources, ils ont du temps, ils sont hors des considérations matérielles des serfs et possèdent le savoir.




Abbaye d'Hautvillers


Le vin suit aussi les hommes à la guerre, se déplace et se fait connaitre avec les troupes, il suit les dynasties tel celui de Bordeaux, duché d’Aquitaine qui par Aliénor d’Aquitaine passe sous tutelle anglaise.

Les grands navigateurs du 15e eux découvriront de nouvelles saveurs, de nouveaux alcools, ils planteront aussi des vignes dans leurs comptoirs et colonies. En Inde, en Chine, à Madère, au Mexique, au Pérou.

Les voyages étaient trop longs pour nos productions européennes, 75 jours pour le Mexique, Il fallait donc une production locale aux colons.

Cette bactérie l’aceto bacter transformant le vin en vinaigre restera un problème bien longtemps, il faudra la révolution de la bouteille en verre pour enfin réduire ce problème.

C’est chose faite au 18e, sans contact avec l’air, le vin pouvait enfin se conserver. Cette bouteille qui auparavant ne servait que de contenant entre le tonneau et la table du client se voit calibrée, testée, éprouvée et autorisée à la vente.

Dès 1640, elle ressemble à celle que nous connaissons aujourd’hui.

En verre fumé et robuste !






Le bouchon existait sous plusieurs formes, de verre, de bois avec ficelle de chanvre gras. On dit que les pèlerins de Saint jacques de Compostelle bouchait leurs gourdes avec un petit morceau de liège afin de la rendre étanche. Ce liège venait, et vient toujours en grande partie du Portugal, léger, propre, imputrescible, élastique et peu cher. Prélevé sur un arbre : le chêne liège tous les 9 à 10 ans.






Au 17e et 18e, naissent alors nos grands noms, et grands vignobles de Bordeaux, d’Alsace, en passant par la Champagne et la Bourgogne. Et le début de leur renommée et des exportations.




Depuis l’histoire du vin continue et se renouvelle sans cesse, les goûts se modifient, les modes passent et reviennent.

Il reste le compagnon des grands Hommes, des grands moments, des grandes fêtes, des grandes joies dans la culture occidentale.






A consommer avec modération bien sûr.

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